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« Le paradis est sous les pieds de nos mères » contre « c’est le démon qui t’envoie le visage de ta mère !!! » Qui va gagner ? En fait, ça dépend de vous.

Un constat : mieux vaut PRÉVENIR que guérir.

Et prévenir, c’est aussi prévenir les autres mères.

Prévenir les fils. Les filles. Les voisines…

AVANT QU’IL SOIT TROP TARD, CHANGER CE QUI DOIT ÊTRE CHANGÉ

Nous avons rencontré trois mères en novembre. Trois destins fauchés. A chaque fois l’histoire commence de la même façon : à la sortie des lycées, avec des cours séchés le vendredi, avec Cheikh Internet et ses histoires de conspirations sans fin…
Et puis, en bout de course, l’addition. Terminus.

TROIS MÈRES, TROIS DESTINS.

Elles sont fortes, mais un témoignage finit par les faire craquer autour de cette table ronde.
Il ne se passe pas une seconde sans pouvoir penser à autre chose, à supplier le téléphone de sonner. L’angoisse, le regret, le doute… le deuil. Une souffrance qu’aucun médicament ne pourra jamais faire passer.

Un matin, l’objet le plus précieux du fils ou de la fille, abandonné sur la table comme un « adieu maman » qui ne dit pas son nom. Son casque… les clés du scooter.
Au bout de quelques jours le sms « Je t’ai menti maman. Je suis en Turquie. Je pars en Syrie ».

« Le paradis est sous les pieds de nos mères » dit-on dans le monde arabe. . .  alors la Syrie est l’endroit sur terre le plus loin du paradis. Là-bas les adorateurs de Daech ne renoncent pas comme ça à la chair à canon venue de France. A un fils qui a osé dire qu’il a rêvé de sa mère qui lui manque ils répondent « c’est le démon qui t’envoie le visage de ta mère !!! »

Le sursaut. Comprendre, enfin. Trop tard. L’enfer, tu es allé dedans exprès, tu as signé ton nom. Ton nouveau maître te hurle dessus, t’arrache ton téléphone, tes papiers, et casse sous tes yeux ta carte bleue pour faire de toi sa chose.

Première mère : plus jamais eu aucune nouvelle. Morte d’inquiétude à chaque seconde.
Seconde mère : fils échappé de Syrie, horrifié. Il est évidemment en prison mais au moins vivant.
Troisième mère : un jour en rentrant, dans la messagerie instantanée, un certificat de décès. Il s’est tué en voiture avant même d’arriver là-bas. Elle ne pourra même pas se recueillir sur sa tombe.

Aujourd’hui des mères de tous les milieux se battent aux côtés de la Brigade des Mères pour la même raison. Tout faire pour empêcher d’autres fils, d’autres filles de glisser. Tout faire pour que leur ville, leur quartier, notre pays ne soit plus en pente. Mettre des freins. Nommer le mal. Redresser la barre. Ensemble. Unies par le deuil, la colère et la volonté.

On ne peut pas changer le passé. Mais on peut améliorer le futur.
C’est à chacune de vous d’en décider. Chacun. Si vous êtes une mère. Si vous êtes une sœur. Si vous êtes un père. Si vous êtes un fils.
Si près de vous il y a quelqu’un qui glisse.