Editorial

La Brigade des Mères invitée au Sénat

Ce 25 novembre 2016, la Brigade des Mères était invitée à apporter un éclairage sur la condition des femmes en banlieue et ailleurs dans le cadre du colloque « FEMMES : Éducation, Culture et Religions » organisé par l’Union Européenne des Femmes.

Message d’alerte reçu 5/5 dans l’assemblée. Si le courage et la valeur du témoignage de Nadia Remadna lui ont valu des applaudissements nourris, et la plupart des questions des intéressés en fin de séance, ce témoignage a également été pour beaucoup non pas une piqûre de rappel sur la gravité de la situation, mais un réveil glacial sur ce qui se vit en France en 2016.

Chaque jour les droits de la femme reculent, pour ainsi dire à heure fixe, à 18h00 – heure à laquelle elles « n’ont rien à faire dehors seules » pour un nombre grandissant de « grands frères », dans un nombre croissant de quartiers sous influence religieuse fondamentaliste.

Ce fut l’occasion pour la Brigade des Mères de tisser des liens avec nombre d’acteurs et en particulier d’actrices de la société civile déjà profondément engagés et engagées sur ces thématiques.

L’occasion aussi de rappeler que les premières impactées par le salafisme sont précisément les femmes de culture musulmane, en première ligne dans ce combat pour la défense de droits qui nous semblaient acquis à jamais mais qui sont remis en question à chaque instant, quelque part en France et en Europe. Des femmes qui, lorsqu’elles sont mères, doivent maintenant s’inquiéter de sauver leurs fils et leur filles de glisser dans le #terreaurisme.

Femmes de France et d’Europe, chrétiennes, musulmanes, juives ou athées : toutes unies !

 

Le texte de l’intervention de Nadia Remadna au Sénat le 25 novembre 2016 :

Bonjour,
Je me présente : Nadia Remadna, fondatrice et présidente de la BDM. J’ai créé cette association suite à la situation alarmante dans les quartiers.

Je reviens sur les événements de 2005 : les émeutes des banlieues,  appelée par certains  « les révoltes des banlieues ». A la suite de quoi, l’État fait appel aux grands frères,  c’est à dire « les hommes », pour remettre de l’ordre dans nos quartiers.
Sauf que ces grands frères, mandatés par certains de nos politiques, de gauche comme de droite, n’ont aucune pédagogie, ni méthode, autre que la ressemblance culturelle et religieuse ainsi que la violence, pour faire régner le calme dans certains quartiers.  Ces grands frères, ils nous rappellent la méthode des frères musulmans et des wahhabistes, en Algérie, qui n’avaient comme outil que la religion, et qui ont profité d’une situation de chaos pour laquelle l’état été démuni car sans base populaire.  Des personnes qui n’ont comme but que d’islamiser les quartiers sous couvert de ramener un calme précaire et trompeur.

Je suis née en France et d’origine algérienne, j’avais quitté la France à l’âge de 13 ans, sur décision brutale de mon père, qui m’avait arrachée à mon pays, la France pour me faire vivre en Algérie, un pays que je ne connaissais pas.
Ensuite j’ai connu en Algérie, le terrorisme, j’y ai perdu des membres de ma famille.

Aujourd’hui en France, dans trop de quartiers, le religieux a remplacé les institutions et les lois républicaines ; ils font l’aide aux devoirs, emmènent les enfants en vacances, assistent les familles dans leurs difficultés, font de la médiation… notre gouvernement les a installés en retirant l’autorité de l’état et l’autorité parentale, surtout aux mères seules, pour donner le pouvoir a ces grands frères qui se sont organisés en associations et immiscés dans tous les rouages de la société.
Certains ont même créé des listes citoyennes, dont certains sont devenus élus de la république, les mêmes qui sont hors la loi, car leur seule loi est la religion dont ils se servent à tous les étages.
Je pensais que l’école respectait la laïcité, mais après avoir travaillé à l’éducation nationale pendant 6 ans, je me suis rendue compte que les radicaux religieux avaient occupé aussi cette institution.

Les femmes n’ont plus de place dans certains espaces, trop nombreux, à cause de nos politiques de droite, comme de gauche. Suite à mon combat pour les valeurs républicaines, j’ai été parfois été traitée  d’islamophobe, mais je refuse d’être traitée de lâche.

Mon combat n’est ni de droite, ni de gauche, il est citoyen, alors je vous demande à vous tous : Ne laissez pas arriver à la France ce qui est arrivé en Algérie ou en Tunisie.
La radicalisation concerne malheureusement tout le monde : je vous demande à vous tous de venir avec nous protéger notre France, ce pays des droits de l’homme, du citoyen et des libertés.
Je vous demande de vous battre avec nous, car demain nos enfants, nos petits-enfants vont nous en vouloir. Il y va de notre avenir à nous tous.

Nadia